Paris, 28 janvier 1862

Cher Monsieur et Éditeur.

Excusez-moi d’avoir tardé à répondre à votre dernière lettre, j’étais en voyage et c’est seulement hier qu’elle m’a été communiquée.

Je m’empresse donc de vous accuser réception du billet de 5>625 francs que vous m’avez envoyé ce qui solde votre compte jusqu’à la Valse Johannisberg[1] inclusivement. – Je vous adresse un nouveau morceau sur la fièvre brûlante de Grétry[2], il est facile et de vente. Vous aurez aussi bientôt deux autres morceaux une Romance sans paroles[3] et une Tyrolienne[4] qui paraîtront le mois prochain, les autres compositions viendront après.

Cette année je n’ai pas voulu faire d’album pour ne pas faire paraître tant de morceaux ensemble, puis j’ai donné tant de concerts depuis quelque temps qu’il m’a été difficile de m’occuper de composition.

Je mets dans cette enveloppe un petit manuscrit ou plutôt autographe, et je suis bien heureux de faire partie de votre belle collection. Je vous remercie d’avoir pensé à moi.

Je n’ai pas répondu à votre lettre d’octobre passé n’ayant rien de particulier à vous annoncer.

Je parcours en ce moment la France en tous points en donnant des concerts. Le public se presse pour m’entendre et jusqu’à présent j’ai eu la bonne chance de réussir partout et de faire salle comble. Peut-être au Printemps irai-je en Suisse où l’on me demande et j’espère bien un jour aller vous visiter, quand ce ne serait que pour avoir le plaisir de vous connaître et de vous serrer la main.

En attendant, croyez, cher Monsieur, à mes sentiments les plus dévoués.

Félix Godefroid

31 B^d Sébastopol