Data: 28/6/1915



Luogo: Milano

ID: CLET002186




77 

p.121-124

CLET002186

 

Milan le 28 Juin 1915

 

Mon cher George,

NEW-YORK

        

Je vous accompagne une lettre que vous voudrez bien faire tenir à Mr. Otto Kahn; veuillez la lire avant de la lui présenter et vous rendrez compte de l’importance de la proposition que je viens de faire. Je vous garantie qu’en Italie, en ce moment-ci et même dans le futur, il y aura énormément à faire pour les Maison américaines qui auront eu le  courage d'étudier les conditions commerciales et financières de mon pays pour accaparer si non tout la grande partie de l'énorme exportation qui était faite par les Allemande lesquels trouvaient toutes les aides possibles auprès de leurs banques nationales et aprés des autres instituts qu’ils avaient su créer en italie. Si vous croyez donc de pouvoir parler de ma proposition à quelque banque importante de New-York où vous ayez des amis faites-le en copiant la lettre que j’adresse à Mr.Kahn et tenez-moi au courant de vos pourparlers.

La guerre nous a enlevé quantité d’employés et d'ouvriers – Colombo a été rappelé comme sergent dans les Alpins – Manolo est dans la Croix Rouge, service des automobiles – Gigino est sous-lieutenant dans les dragons Savoja – Sandri est comptable dans un hôpital militaire, et ainsi de suite: de façon que, malgré que toutes les affaires de théâtre et de commerce musical soient presque arrêtées, nous avons assez à faire au bureau, surtout pour le côté financier de notre Maison – ce qui me préoccupe assez puisque presque toutes les sources d'où nous retirions de l’argent sont taries. La Maison de Leipzig est complètement séparée de nous depuis le commencement de notre guerre et peut-être que nous resterons sans nouvelles jusqu'au jour de la paix, ce qui veut dire pendant un an et même plus. La Maison de Paris qui marchait tant bien que mal jusqu'ici sera fermée demain soir parce que tous les employé [sic] y compris Mr. Capron sont rappelés sous les armes – Gentien est à Verdun depuis le 1er Août 1914!! C’est donc vous dire qu’il faut absolument que j’ai recours aux seules Succursales qui peuvent nous envoyer de l’argent; et c’est pour cette raison que j’insiste encore auprès de vous, mon cher George, pour que vous fassiez même l’impossible, après que vous aurez soldé toutes vos royalties, les imprimeurs et les autres fournisseurs, pour faire une autre remise d’argent à Milan. Ce serait du reste une très bonne politique commerciale pour vous qui vous permettrait enfin de solder ou presque la dette que notre Maison de New-York a avec Milan.

Je ne vous conseillerai pas de venir en Europe cette année, malgré que la vie courante en Italie n’ait pas subi de changement à cause de la guerre; se serait surtout pour épargner des frais de voyage qui ne sont pas tout à fait nécessaires, surtout si moi-même je ferai une course cet été à New-York pour l’affaire de la banque italo-américaine.

Toscanini m’a déclaré son intention de ne pas venir à New-York pour la saison prochaine, je crois qu’il a tort et je vais tâcher plus tard de le convaincre que, surtout si nous voulons conserver au Metropolitan la situation que la musique italienne a acquise avec tant de difficultés, il faut absolument qu’il aille à New-York. Mais pour le moment Toscanini est tout à la guerre; lui, sa femme, son fils, sa fille ne travaillent et ne dépensent de l’argent que pour la Croix Rouge italienne: ce qui est très beau, mais ce qui n'empêche pas que le devoir de Toscanini cet hiver sera d’aller à New-York pour empêcher que le répertoire italien soit mis peu à peu de côté.

Campanini a déjà formé sa troupe pour Chicago et je sais qu’il a l’intention de monter L’Amore dei Tre Re.

J’ai vu Gatti-Casazza, mais il ne m’a rien dit à propos de Francesca da Rimini; je pense que c’est chose décidée entre lui et vous pour la prochaine saison.

Je viens de conclure avec Puccini le contrat pour “Two little wooden shoes” de Ouida; le livret est très beau et très émouvant et j'espère que Puccini saura nous donner une autre Bohème. Quant à son autre ouvrage La rondine il est très repenti du traité qu’il a fait avec les éditeurs autrichiens et il va tâcher de s’en défaire, mais je ne crois pas qu’il réussisse parce que je connais ce contrat qui le lie de toute manière – tant pis pour lui!!  

Le besoin de métaux et de munitions de guerre est énorme et il ne fera qu’augmenter pendant toute la guerre qui sera longue et très dure parce que l’Autriche a envoyé sur nos frontières tout ce qu’elle avait de mieux comme troupes – étant moi-même de service pour la Croix Rouge à la gare de de Milan j’ai vu passer bien des prisonniers et je vous garantis que ce sont des jeunes gens et des hommes très forts, très bien nourris et très bien habillés. Donc la guerre sera longue et dure et les besoins seront en proportion de la lutte que nous devons soutenir avec l’Autriche et plus tard aussi avec l’Allemagne. Connaissez-vous des Maison très importantes de métaux et de munitions de guerre qui voudraient être représentées en Italie? Je pourrais m’en occuper soit directement, soit indirectement mais avec une personne qui a toute ma confiance. Il faudrait avoir des échantillons, des prix courants, des conditions de vente, etc. etc. et si les Maisons sont sérieuses je vous garantis qu’on pourrait faire des affaires très importantes.

Au plaisir de vous lire et avec les meilleurs souhaits pour vos vacances d'été que peut-être vous irez passer quelque part dans les montagnes ou sur le bord de la mer en Amérique, croyez-moi, toujours

votre affectionné

Tito Ricordi

 

 

 

 

               

 

 

 

 

 

Milan 28 June 1915

 

Dear George,

 

NEW YORK

 

Enclosed you will find a letter that I would ask you to deliver to Mr. Otto Kahn; please read it before you give it to him, so that you may understand the importance of the proposal I have just made. I assure you that both now and in the future it will be enormously profitable here in Italy for those American businesses who will have had the courage to examine the commercial and financial conditions of my country and to secure if not all, at least a great deal of the enormous exportation commerce that the Germans had been doing with us, thoroughly aided as they were by their national banks and by the other institutions they had the foresight to establish in Italy. So if you think you might be able to raise my proposal with any of the important banks in New York where you have friends, you can copy the letter addressed to Mr. Kahn and keep me informed of what you are told.

   The war has made off with a great many of our office employees and factory workers — Colombo was called up as sergeant in a regiment of the Alpini — Manolo is in the Red Cross with the automotive transportation unit — Gigino is a second lieutenant in the Savoyard dragoons — Sandri is an accountant in a military hospital, etc.; such that, notwithstanding the fact that all of our rental business with the theatres and retail music sales have come to a virtual standstill, there is still a great deal to do in the office, above all for the various financial aspects of our Company — which worries me quite a bit because nearly all of our sources of revenue are exhausted.

   The Affiliate in Leipzig has been completely cut off from us since the beginning of the war and it's possible we will remain out of contact until the day peace arrives, which means a year or perhaps more. The Affiliate in Paris had remained operative in some manner, but it will close tomorrow evening because all of the office staff, including Sig. Capron, have been called to arms  — Gentien has been in Verdun since 1 August 1914!! All this to say that I am absolutely forced to rely upon the only Affiliates that can still contribute to the company's coffers; and it is for this reason that I urge you again, dear George, to do what may even seem impossible after you have paid all of your royalties, printers, and other suppliers, and send another remittance to Milan. It will even be an excellent commercial move for you, because it will allow you to finally pay all or nearly all of the debt our New York Affiliate has with Milan.

   I would not recommend that you come to Europe this year, even if daily life goes on in Italy without particularly significant changes because of the war; more than anything, the reason would be to save on travel expenses which are not absolutely necessary, especially if I will soon depart myself for New York this summer for the Italo-American bank proposition.

   Toscanini told me that he has no intention of going to New York for the coming season; I believe he is mistaken and I'll try later on to convince him otherwise, especially if we want to maintain the position that Italian music has labored so hard to reach at the Metropolitan. But for now Toscanini is completely focused on the war; he, his wife, his son, and his daughter only direct their efforts and money to the Italian Red Cross. Lovely as that is, it should not take precedence over his obligation to go to New York this winter to prevent the Italian repertoire from falling gradually into disregard.

   Campanini has already put together his troupe for Chicago, and I know he plans to stage L'Amore dei Tre Re.    

   I saw Gatti-Casazza, but he said nothing regarding Francesca da Rimini; I have the impression it's already been decided between you for the upcoming season.

   I have just concluded the contract with Puccini for "Two Little Wooden Shoes" by Ouida; the libretto is quite beautiful and heartwarming, and I hope that Puccini will be able to provide us with a second Bohème. As for his other opera La rondine, he greatly regrets the agreement he made with the Austrian publishers and is trying to get free of it, but I don't believe he will succeed because I am familiar with the contract, which is binding in every way — all the worse for him!!

  The military need for metals and ammunition is enormous, and it will only grow greater for the entire war, which will be long and extremely hard because Austria has sent its best available troops to our border — since I am myself working for the Red Cross at the station in Milan, I've seen a great many prisoners come by, and I guarantee you that they are young and robust, all well nourished and clothed. Consequently the war will be long and hard, and our needs will be proportional to the battle we must wage with Austria and later with Germany as well. Do you know of any important metallurgy plants and manufacturers of military ammunition looking for representation in Italy? I could help, either personally or through someone who is absolutely trustworthy. One would need to have samples, current prices, conditions for sale, etc., etc., and if the Companies are serious I guarantee that there is truly tremendous business to be had.

   In anticipation of your response and with my best wishes for a pleasant vacation, which you will perhaps pass somewhere in the mountains or at a seaside in America, I remain

 

yours warmly

 

Tito Ricordi

 

 

3.77

p.121-124

CLET002186

Milano 28 giugno 1915

Caro George,

NEW-YORK

        

Qui acclusa trova una lettera che la prego di far avere a Mr. Otto Kahn; per favore la legga prima di dargliela, e si renderà conto dell’importanza della proposta che ho appena fatto. Le assicuro che in Italia sia adesso che in futuro ci sarà enormemente da fare per le aziende americane che avranno avuto il coraggio di studiare le condizioni commerciali e finaznziarie del mio paese per accapararsi se non tutto almeno la gran parte dell’enorme esportazione che facevano i Tedeschi, aiutati com’erano in tutti i modi dalle loro banche nazionali e dagli altri istituti che avevano saputo creare in Italia. Se crede dunque di poter parlare della mia proposta a qualche importante banca di New York dove ha degli amici, lo faccia copiando la lettera indirizzata a Mr.Kahn e mi tenga al corrente di quanto vi direte.

La guerra ci ha sottratto tantissimi impiegati e operai – Colombo è stato richiamato come sergente degli Alpini – Manolo è nella Croce Rossa, servizio automobilistico – Gigino è sotto-tenente nei dragoni Savoia – Sandri è contabile in un ospedale militare, e così via per cui, nonostante tutti gli affari con i teatri e il commercio musicale siano di fatto fermi, abbiamo molto da fare in ufficio, soprattutto per gli aspetti finanziari della nostra Ditta – cosa che mi preoccupa molto perché quasi tutte le fonti che possono procurarci del denaro sono esaurite.

La Filiale di Lipsia è completamente separata da noi dall’inizio della guerra ed è possibile che restiamo senza averne notizie fino al giorno della pace, il che significa un anno e forse più. La Filiale di Parigi che fino adesso in qualche modo funzionava sarà chiusa domani sera perché tutti gli impiegati, compreso il sig. Capron, sono richiamati sotto le armi – Gentien è a Verdun dal 1° agosto 1914 !! Questo per dirle che bisogna in tutti i modi che io ricorra alle sole Succursali che possono procurarci del denaro; ed è per questa ragione che insisto ancora con lei, caro George, perché lei faccia anche l’impossibile, dopo che avrà saldato tutte le sue royalties, gli stampatori e gli altri fornitori, per fare un’altra rimessa a Milano. Del resto per lei sarà un’eccellente politica commerciale perché le permetterà finalmente di saldare o quasi il debito della nostra Filiale di New York con Milano.

Non le consiglierei di venire in Europa quest’anno, anche se la vita quotidiana in Italia non ha subito grandi cambiamenti per via della guerra; si tratterebbe più che altro di risparmiare delle spese di viaggio che non sono assolutamente necessarie, soprattutto se sarò io stesso a fare una corsa a New York quest’estate per l’affare della banca italo-americana.

Toscanini mi ha detto che non ha intenzione di venire a New York per la prossima stagione; credo che si sbagli e cercherò più tardi di convincerlo che, soprattutto se vogliamo che la musica italiana conservi la posizione che ha fatto tanta fatica a raggiungere al Metropolitan, bisogna assolutamente che lui vada a New York. Ma per ora Toscanini è tutto concentrato sulla guerra; lui, sua moglie, suo figlio e sua figlia non lavorano e spendono che per la Croce Rossa italiana: cosa molto bella, ma che non impedisce che il dovere di Toscanini quest’inverno sarebbe di andare a New York per impedire che il repertorio italiano sia poco a poco accantonato.

Campanini ha già formato la sua compagnia per Chicago e so che ha intenzione di allestire L’Amore dei Tre Re.

Ho visto Gatti-Casazza, ma non mi ha detto niente a proposito di Francesca da Rimini; credo che sia una cosa già decisa fra voi per la prossima stagione.

Ho appena concluso il contratto con Puccini per “Two little wooden shoes” di Ouida; il libretto è bellissimo e molto commovente, e spero che Puccini saprà darci una seconda Bohème. Quanto alla sua altra opera La rondine è molto pentito dell’accordo che ha fatto con gli editori austriaci e sta provando a disfarsene, ma non credo che riuscirà perché conosco il contratto che lo lega in ogni modo – peggio per lui !

Il bisogno di metalli e di munizioni belliche è enorme, e non farà che aumentare durante tutta la guerra che sarà lunga e durissima perché l’Austria ha inviato sui nostri confini quanto aveva di meglio come truppe – essendo io stesso di servizio per la Croce Rossa alla stazione di Milano ho visto passare tantissimi prigionieri e le garantisco che sono giovani e robusti, ben nutriti e calzati. Perciò la guerra sarà lunga e dura e i biogni saranno proporzionati alla lotta che dobbiamo sostenere con l’Austria e più tardi anche con la Germania. Lei conosce delle Ditte importanti di metalli e munizioni belliche che vorrebbero essere rappresentate in Italia? Potrei occuparmene sia di persona che tramite qualcuno di assoluta fiducia. Bisognerebbe avere dei campioni, dei prezzi correnti, delle condizioni di vendita, ecc., ecc. e se le Ditte sono serie le garantisco che si potrebbero combinare degli affari molto grossi.

Al piacere di leggerla e con i migliori auguri di buone vacanze che lei forse passerà da qualche parte in montagna o al mare in America, mi creda sempre

Il suo affezionato

Tito Ricordi