le 14 II.[19]47
Heinrich Sutermeister
Casa Sydow
C h è s i è r e s -sur-Ollon
Monsieur Dr. Franco Colombo
G. RICORDI & Cie
Cher Monsieur,
vos lignes m’ont fait grand plaisir et je suis désolé qu’elles me parviennent seulement aujourd’hui car ces jours mon frère vient de quitter l’Italie et je crains sans pouvoir vous voir. Et moi je suis cloué à ma partition de RASKOLNIKOFF ici à Chésières.
Comme je viens de recevoir en même temps une charmante lettre de votrre rprésentant en Suisse, Monsieur Pagano qui s’offre à plaider pour une “Uebernahme” de RASKOLNIKOFF par la maison RICORDI je profite de vous parler franchement de la situation actuelle.
Mon frére qui a écrit le livret a passé un mois à Rome et avait la chance de trouver de bons ami en M. Ludovici, le collaborateur de Casella, et en plusieurs importantes personalités de Rome. La légation Suisse a fait en son honneur une grande récéption pour 30 journalistes de tous les pays et mon frère leur a lu son livret de RASK. avec un succès pénétrant. Il m’a écrit qu’il y avait même des larmes et ça veut dire quelques chose chez des journalistes!
En attendant moi je finis la partition d’orchestre.
Notre éditeur Schott/Londres vient me voir dans une semaine. En outre ce sont Schirmers et Carl Fischer qui s’intéressent à l’oeuvre.
Le grand problème pour nous et: Nous devons à tout prix avoir un honoraire pour texte et musique en francs suisses. L’Amérique est donc le seul pays qui pourrait satisfaire notre situation et j’ai informé Schott/Mayence et Schott/Londres de cet état de chose. M. Strecker-Londres vient pour discuter justement cette question-là.
Je dois vous dire qu’il serait un grand honneur pour nos de nous trouver dans l’illustre gallerie de vos compositeurs. Mais si je ne me trompe pas il existe déjà un RASKOLNIKOFF dans votr catalogue et la question de devises vous est sûrement aussi très difficile.
Comme représentation nous avons envisagé Première an langue anglaise à la Métropolitain, première en langue allemande aux festival de juin 48 à Zurich et première en Suède septembre 49.
L’opéra d’état de Wiesbaden joue depuis octobre mon opéra “ROMEO ET JULIETTE” en même temps que Francfort, Leipcic et Saarbrücken. Mais hélas je n’en peux rien touher.
Et je pense pour longtemps.
Je connais les terribles difficultés en Italie – je les ai vues de mes propres yeux, mais beucoup de mélomanes italiens on dit à mon frère qu’ils croient en un succès énorme de l’oeuvre sur les scènes italiennes. M Ludovici va finir la traduction en peu de temps.
Pour aujourd’hui je vous prie de bien vouloir m’excuser car mon “enfant” me demande. Avec mes salutations cordiales
Heinrich Sutermeister