Monsieru le Directeur,

Grand nombre de journaux français m'attaquent férocement et pour ce faire ils contrefont une lettre de moi qui pourtant n'admet aucune équivoque. Cette lettre ne fait quìétabilir un fait. Et le fait est le suivant: La Revue "Die Deutsche Bühne" du 16 novembre 1914 avait publié que moi, cojointement à Maeterlink, Shaw, D'Annunzio, Leoncavallo et Saint-Saëns, j'avais pris une attitude hostile à l'Allemagne. Le 21 Décembre je répondais à Monsieur A. Wolff, qui avait signé l'article de la "Deutsche Bühne", dans les termes suivante: "Je suis informé par mon éditeur Ricordi que vuos me placez parmi oeux qui ont pris une attitude contraire à l'Allemagne. Je vous déclare que je me suis toujours abstenu de toute manifestation contraire à votre pays. - G. Puccini"

Avec cette lettre je disais puremente et simplement que je n'avais pris part à aucune manifestation de germanophobie; doiton se surprendre si j'ai déclaré ceci? Mon art a parcouru avec quelque fortune les théâtres d'Europe, j'ai contracté ainsi des liens de gratitude, amitié et de sympathie qui me donnet le droit, qui m'imposent le devoir de m'abstenir de toute manifestation et de ne pas choisir entre mes amis de France et d'Allemagne. Et il n'est pas question, comme on m'en accusa, de boutique puisque en ce moment mes ouvrages ne sont pas joués en Allemagne et en France : C'est una question de malaise moral que les esprits libres sauront apprécier. Je pourrais dire que j'ai partagé et je partage avec eux le sens de révolte contre tous déclaration plus détaillée que je ferais en ce momento semblerait dicrée par de basses considérations et je m'en abstiens.

En vous remerciant pour l'hospitalité que vous voudrez bien donner à cette lettre, croyez-moi

votre tout dévoué

Giacomo Puccini