Paris 13 fév. 82

Mon cher Éditeur.

Je viens vous demander une chose très importante et vous prie de me répondre le plus tôt qu’il vous sera possible.

Je termine en ce moment mon grand opéra en 5 actes, la fille de Saül.

Quelques morceaux ont été déjà entendus, avec succès, chez la Reine Isabelle.

Il a été convenu que je publierai cet ouvrage de suite, sous sa protection et par souscription.

La fille de Saül contient un morceau (Marche du Roi David) dont vous êtes l’Éditeur et que j’ai arrangé pour la harpe.

Me permettez-vous de laisser ce chœur dans mon opéra ? Cet ouvrage sera publié à mes frais et sous le patronage de la Reine d’Espagne.

J’en garde la propriété.

S’il passait dans d’autres mains, je composerais alors une autre marche.

C’est avec grande confiance que je m’adresse à vous, mon cher Éditeur, persuadé que vous voudrez bien m’accorder cette marque de votre haute estime.

J’attends votre réponse et prie d’accepter la vive expression de mes sentiments les plus distingués.

Félix Godefroid

26 rue des Écuries d’Artois